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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

mardi 31 mai 2011

Outreau

Dans l'affaire d'Outreau, on a négligé la parole des enfants. Ils n'étaient que des affabulateurs, disait-on.
La pédophilie, l'invraisemblable perversion des adultes ont brisé leur vie. L'incrédulité des 'grands' a fracassé leur existence.
Aujourd'hui, que cette nauséabonde histoire ressurgit à l'occasion d'inculpations nouvelles, demandera-t-on pardon aux enfants pour tout le mal qui leur a été fait?

La Mort

J'entends souvent autour de moi cette 'sage' parole:"La mort fait partie de la vie"
Mon esprit reste réfractaire à cet aphorisme. Je le considère comme un cliché destiné à couper court à une discussion sérieuse. Cache-t-il tout simplement la peur de celui qui l'énonce de l'angoissante perspective de sa propre finitude?

Bref, le seul fait d'entendre "La mort fait partie de la vie" ou encore "La mort est dans la vie" me navre et m'exaspère.

Il se peut que je bute sur un angle mort de ma pensée, une résistance de la réflexion métaphysique.

Mais le fait est bien là: il n'en faut pas plus pour m'irriter.

La mort n'est pas la vie. Mais bien plutôt un ailleurs de non-vie, de vide, de néant. Un ailleurs de non-existence comme ce qui précède la conception de l'être humain. La mort ouvre sur la béance du RIEN.

Invalidation et sabotage

Penchons-nous sur le cas d'un sujet confronté à une situation devant laquelle il a à se déterminer, soit par une prise de position soit par une action directe. Exemples: Prendre la parole dans une réunion... Pourvoir un poste important...
Le sujet est devant trois possibilités: "Je dois"_ "Je peux"_ "Je veux". Ce sont les voix intérieures de la réflexion. Trois axes: l'obligation morale ( le Surmoi), l'expertise ( le Moi adulte) , le désir ( le Ça).
Si les trois axes sont d'accord, le sujet est en mesure de faire face.
Si l'un de ces trois axes renâcle ( ou deux), le sujet est pris dans une impasse. L'inconscient vient à son secours et lui dicte une conduite corporelle invalidante qui fera obstacle à sa prise de décision. On assiste alors à un empêchement majeur, comme tomber gravement malade... être victime d'un accident de la route...
C'est ce qu'on appelle un sabotage de soi qui vient à point nommé pour invalider le sujet... Souvent durablement. Certains l'appelleront l'acte manqué. Pour ma part, ce que je viens de présenter est plus grave que l'acte manqué, car il conduit le sujet à s'exclure de lui-même et à s'exposer à des retentissements sociaux incalculables.

dimanche 29 mai 2011

J'aime... J'aime... J'aime : " Le jour d'avant le bonheur" d'Erri De Lucca

Ce n'est pas le premier roman de cet auteur napolitain qui me réchauffe le cœur. Je pense bien sûr à d'autres livres de lui que j'ai lus : Tu, Mio; Montedidio; et surtout Trois Chevaux.
Dans "Le jour avant le bonheur", l'écrivain revient sur cette Naples de l'immédiate après-guerre, en 1945, cette ville déchirée, anéantie par la faim et l'extrême misère, broyée par l'étau des occupants allemands et des libérateurs américains, dont on ne sait si on a plus à craindre des premiers que des seconds. Le jeune héros, orphelin abandonné, construit son enfance et sa jeunesse auprès d'un père de substitution, le concierge de l'immeuble, un mélange humain initiatique de savoir instinctif et de sagesse populaire, un vrai philosophe de la vie.
Le bonheur est là, tout près de nous et pourtant reste hors de notre portée...
Le récit nostalgique ressemble à l'âme napolitaine, à ce que j'en sais, à ce que j'en ai compris en fréquentant des Napolitains : rions, chantons, jouons (à la Scopa), faisons la nique au malheur et surtout à la Mort qui nous guette et voudrait bien s'emparer de nous.

J'aime... J'aime... J'aime : " Les déferlantes" de Claudie Gallay

Il paraît que Flaubert rêvait d'écrire un roman sans histoire, sans trame narrative, dans lequel seul compterait le style. En quelque sorte, une Madame Bovary, sans Emma, un récit dépouillé à l'extrême.
Ce n'est pas le cas du roman de Claudie Gallay, Les déferlantes. Et parce que j'aime beaucoup ce livre, je veux vous en parler. Dans ce roman que j'ai dévoré, il n'y a rien à jeter. Ou pour dire la même chose en des termes plus choisis, je n'ai pas de bémol, pas de réserve à émettre. Tout me plaît!
Les déferlantes, c'est d'abord une histoire forte, à laquelle on croit d'un bout à l'autre, un monde d'hommes et de femmes qui vivent entre le ciel gris et bas, la pluie qui s'invite à tous moments, le vent violent, la mer hostile et dévorante, des bouts de soleil rares qui réchauffent le cœur et les os.
C'est un style personnel, des phrases courtes, un enchaînement de mots simples qui se moquent du beau langage, des dialogues serrés d'une épaisseur sidérante.
Tous les petits gestes de la vie quotidienne et de l'insignifiance sont travaillés et ciselés par des mots, des images, avec l'observation aiguë et la précision du regard fiévreux de l'écrivain. 
Sous nos yeux, quelques humains, des taiseux pour la plupart, se sont construits dans la souffrance, le manque, le silence, comme d'autres ont appris à s'esclaffer et à se répandre. Ici, les personnages sont vibrants de désirs inassouvis, impatients de vivre ailleurs et autrement, haineux jusqu'à ce que mort s'en suive, ou résignés à mourir à petit feu d'un deuil indépassable, s'il en est...
Claudie Gallay nous régale d'espoir, de celui qui touche au deuil vécu comme impossible et qui pourtant grâce à l’œuvre du Temps, cicatrise et adoucit la souffrance. Celle de la perte des êtres aimés. La renaissance est un chemin...