Bienvenue

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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

jeudi 21 juillet 2011

L'opéra La Traviata à Aix en Provence

Vu à la télévision : le magnifique opéra de Verdi, dont il est impossible de se lasser, tant la musique colle aux sentiments humains les plus répandus: l'amour qui vous transporte et vous transforme, la culpabilité, la peur de l'abandon, le renoncement et la générosité, le sacrifice, le remords...
Une belle et performante Nathalie Desay (un peu trop âgée pour le rôle, un tantinet trop sautillante), entourée de voix masculines d'une qualité indiscutable, nous a beaucoup émue. Chaque geste des chanteurs était en accord parfait avec les émotions véhiculées par les mots et la mélodie.
Mais pourquoi diantre, faut-il que les metteurs en scène se croient inventifs à tout crin, en enrobant la trame narrative d'un décor et d'une période parfaitement inédits? Cette Traviata, déconnectée de son contexte et de son Temps, ne se laissait regarder et goûter l'autre soir qu'en ignorant le cadre insipide voulu pour faire jeune et novateur.
La Traviata est une histoire d'époque : la fin du XIXème siècle, une histoire de mœurs où la place de la femme est encore celle que définit exclusivement le pouvoir des hommes, une histoire de la maladie, de l'argent et des rôles sociaux codifiés.
De grâce, rendez-nous l'approche sensible du très beau film de Zeffirelli qui seul a su nous émouvoir jusqu'aux larmes.     
 

vendredi 15 juillet 2011

Sur le trottoir de l'actualité

RENCONTRE FORTUITE ENTRE  AUTOREFERENCE  ET  BONSENS
- Salut, Bonsens, tu vas bien?
- Pas du tout! je suis très en colère! Ça se voit, non?
- Pas qu'un peu! Et surtout, ça s'entend à ta voix. Qu'est-ce qui te contrarie à ce point?
- Attends, Autoréférence, t'as pas vu aux infos, la femme qui porte plainte au bout de 8 ans, pour une tentative de viol commise par l'homme dont tout le monde parle depuis deux mois (tiens! aujourd'hui, jour pour jour)?
- Si, Bonsens, je suis au courant. Je me suis même dit que dans un pareil cas, je n'aurais sûrement pas réagi de cette façon.
- Non seulement ça! Mais, moi, je te le dis sans détour, Autoréférence, ce procédé me scandalise: 8 ans après, tu imagines? Tu trouves tout ce tapage vraisemblable?
- Non, non, Bonsens! Moi, si un homme avait tenté de m'imposer par la force un acte violent, sexuel ou pas, aussitôt après m'être dégagée, je serais allée directement au commissariat... Et même, tu vois,  si je m'étais confiée à ma mère préalablement, elle n'aurait pas réussi à me dissuader de porter plainte. Même avec l'argument d'un possible préjudice sur ma toute jeune carrière.
-Moi, c'est pareil, Autoréférence, je ne vois pas ma mère m'asséner ce genre d'injonction suspecte. Et moi, de l'écouter! Pire, je me serais inquiétée d'entendre ma mère, la personne au monde la mieux placée pour me protéger depuis ma naissance, s'opposer à cet acte majeur de réparation.
- Sûr! Bonsens. Poser un acte contre celui qui a, impunément,  franchi les lignes de la dignité d'autrui, c'est important. Capital! Une mère qui ne t'encourage pas sur le champ, qui ne t'accompagne pas dans ta démarche, moi, je me pose une question : depuis ma tendre enfance, m'a-t-elle suffisamment armée psychologiquement pour me méfier des séducteurs et repousser leurs avances indésirables? c'est le rôle des parents, non?
- Et pas qu'un peu! Et, tu veux que je te dise, Autoréférence ? Cette plainte tardive porte atteinte à toute la communauté des femmes, elle décrédibilise toutes celles qui ont été victimes de viols, de tentatives appuyées, de violences, d'approches sexuelles douteuses.
- En plus, tu sais Bonsens, elle permettra à tous les détracteurs, à ceux qui prétendent que les femmes mentent quand elles évoquent leurs traumatismes, de ricaner. Ils pointeront du doigt les femmes comme des affabulatrices, ils se tiendront les côtes. Et, nous les femmes, nous n'aurons qu'à baisser la tête. Pas vrai?
- Pas sûr, Autoréférence, tenons-nous debout, vigilantes face aux dérives d'où qu'elles viennent, même du camp des femmes. Pas forcément unitaires avec celles-là. On n'est pas un troupeau, tout de même!
- Allez, salut ma copine, à bientôt.

jeudi 7 juillet 2011

mercredi 6 juillet 2011

J'aime... J'aime... J'aime : " Purge" de Sofi Oksanen

C'est un récit inquiétant et étrange. Personnages étranges. Situations étranges. Époques étranges.
Les pages suintent de peur. Les mots dégoulinent de lâcheté et d'abjection.
Là où on pourrait s'attendre à un peu de courage ordinaire, ne cogne que le sauve-qui-peut de ceux qui n'ont plus que leur peau à défendre.
Construit en abyme, déconstruit de paragraphes en chapitres, ce récit se lit la respiration coupée. Quand l'apnée cesse, on revient sur terre avec effroi, certain(e) d'avoir assisté à un cauchemar peuplé de monstres malheureusement humains.

dimanche 3 juillet 2011

Ce pays dont le peuple est un enfant

   Le dimanche 15 mai 2011, les petits de France se réveillent sous le choc.
   Le père, le très prochain sauveur de la nation-famille, celui grâce à qui le rêve de tous les possibles va enfin devenir réalité, est dévoilé à propos de ce qu’il y a de plus traumatique pour les enfants : la scène primitive !
   La scène primitive : un concept freudien qui fait référence à l’acte sexuel des parents, inventé et mis en lumière par Sigmund, au cours d’une analyse, celle de L’homme aux loups. Cet acte, nécessairement caché par les grands, secret, dissimulé (afin de permettre l’élaboration de bons fantasmes) s’étale tout à coup aux yeux des enfants.
   Sa révélation est un choc perturbant, voire dévastateur.
   Le père, cet être sacré, admiré, redouté, copule avec « la mère » (la femme)dans un rapport violent dont il est l’acteur coupable. C’est une agression physique, pire un viol !
   Notre père à tous, viole notre mère (la femme), a, dit-on, exposé sa nudité, porte encore sur le corps des traces de sa propre sauvagerie.
   À partir de ces révélations, les informations galopantes gonflent et, dans une infernale escalade, bombardent les unes après les autres les images de la punition du père. Tout concourt dorénavant à l’inflation et l’exacerbation des fantasmes enfantins.
   Les visions répétées de l’arrestation de l’homme menotté déboulonne le père du piédestal où l’avaient hissé nos rêves d’enfants. Sa chute nous dégrise.

   Dans la fratrie, maintenant, les enfants se sentent orphelins, trahis, abandonnés, livrés à eux-mêmes ou, qui sait, à des prédateurs qui n’attendaient que cela.
   Les quatre sentiments de la nature humaine vont dorénavant animer le cœur et l’esprit des enfants : la peur, la tristesse, la colère, la joie.
   Ceux qui ont peur se lamenteront : Qu’allons-nous devenir sans lui ? Qui pourra nous venir en aide à sa place ? Il était le seul à pouvoir nous sortir du marasme, tourner le dos à cet environnement qui ne profite qu’aux autres, aux riches. En tout cas pas à nous ! Personne n’est et ne sera en mesure de le remplacer. Nous irons droit dans le mur !
   Les coléreux vitupèreront : un homme de sa classe, de sa trempe, de son envergure, se conduire comme un gamin, un garnement, comme un des nôtres, se faire piéger tel un rat affamé !? C’est salement un scandale ! Il nous a trahis. Nous lui en voudrons toujours. Et même si un jour, il s’amende et demande pardon, ce sera trop tard !
   Les déprimés, les attristés perpétuels se déprimeront davantage. De tristesse profonde en mélancolie (concept freudien de l’humeur noire pouvant déboucher sur le désespoir et le suicide Front National pourquoi pas ?), ils n’auront pas assez de larmes pour étancher leur chagrin. Il n’aurait jamais dû en arriver là. Il aurait dû penser à nous qui comptions tellement sur lui. Son attitude et ses conséquences nous accablent d’un deuil dont nous ne pourrons pas nous rétablir.
   Les joyeux, optimistes par naissance ou par essence, jugeront l’acte paternel à l’aune de ses répercussions. Enfin il va pouvoir souffler, penser à lui 24 heures sur 24, donner du temps à ses proches, rédiger des traités d’éducation du monde qui aideront à grandir. Un père est un père, son image ne se ternit pas d’un coup !

   Le père vient d’être blanchi. Pas tout à fait ? C’est tout comme ! Juste une question de jours… Et les enfants de se demander si tout cela n’était pas après tout qu’un mauvais, très mauvais cauchemar, ourdi par un diable méchant, comme il en traîne partout. Ils hésitent, s’interrogent sur leur imaginaire. Ce père, après tout, n’était pas si défaillant que cela. Papa ! Papa ! Viens vite !