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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

dimanche 30 octobre 2011

" Les copains d'abord"

Chante, Georges, chante encore et toujours, "Les copains d'abord", les copains d'alors. Et que tes paroles et ta musique couvrent les trompettes de la renommée de ceux qui, aujourd'hui, ne sont que d'indigentes marionnettes du petit écran.
- "Ne suis-je pas une journaliste professionnelle?"
- Peut-être, mais vous êtes d'abord la nièce de ...
- "Ne suis-je pas un chanteur dans le vent?"
- Possible, mais vous êtes d'abord le fils de... et de...
- "Ne suis-je pas une jeune comédienne convaincante?"
- J'en doute, mais vous êtes avant tout la fille de... et de...
Mon cher Georges, veux-tu que je poursuive ou en as-tu assez de mes pointages de copinage et de népotisme? Si tu vivais encore, tu nous aurais sans doute fourbi un refrain bien à toi, comme l'auraient fait aussi nos copains Le Luron, Desproges et Coluche, qui soit dit en passant, se sont faits tout seuls. Eux!
Ah! tu me diras, il y a des exceptions qui confirment mon indignation : Claude est bien le fils de Pierre, Sacha celui de Lucien... Dominique, celui de Ramon. Mais j'ai beau cherché ce soir, je n'en vois pas beaucoup d'autres!
Je te salue, Georges, toi, tes copains l'Auvergnat, l'Hotesse, l'Etranger, Margot, Fernande et tous ceux qui, grâce à toi, sont nos copains de coeur pour toujours.

mercredi 26 octobre 2011

Tunisie... Libye...



Femmes

Au début des années 70
ce qui m’occupe
c’est le combat des femmes
le militantisme de l’avocate Gisèle Halimi
pour ne pas lâcher prise
face aux conservateurs d’une morale réactionnaire
où la place de la femme est limitée à la sphère privée

Il vaut mieux qu’elle souffre !
qu’elle meure !
par les mains des faiseuses d’anges
plutôt que d’accéder à une libre contraception
et du même coup
à une sexualité du plaisir !

La lutte de Simone Weil
pour la légalisation de l’avortement
émaillée d’insultes à l’Assemblée Nationale
L’Histoire retiendra la photo
de cette femme forte et déterminée
brutalement invectivée
s’effondrant sur son siège
la tête entre les mains
et le silence fracassant qui suivit dans l’hémicycle

Dans les combats du Mouvement Féministe
des années 70
je me suis reconnue
Les voix d’Hélène Cixous
des sœurs Groult
dominent pour moi
Même si j’ai déploré quelques dérapages regrettables
sur la notion de devoir conjugal
qui a desservi la Cause
Répondre aux femmes
qui arboraient ces pancartes
qu’elles avaient encore à parcourir
les routes de la liberté sans revanche

Mon militantisme
c’était aussi des désaccords sur les outrances
et les caricatures
et les déviances provocatrices
              

Parler de devoir conjugal
est synonyme de soumission
avertit de l’échec du respect
montre la haine et non l’amour
Il n’y a pas de couple sans amour
et pas d’amour dans le couple
conclu sur le devoir conjugal

L’année dernière
j’ai été très fière de sortir de ma bibliothèque
pour une de mes petites-filles
un livre de Benoîte Groult
sur l’excision des femmes dans le monde
et de lui décrire
le chemin parcouru
par les générations de femmes dans notre famille

Ma génération
est à la charnière des drames et de la liberté

C’est celle de la victoire
de la pilule
sur les avortements clandestins
les souillures du corps et de la honte
la boucherie de l’hôpital
et la mort au bout du calvaire

C’est le beau livre dénonciateur de Simone de Beauvoir :
 Le deuxième sexe

Je suis de celles qui ont vécu la peur aux tripes
quand les règles tardaient à venir
quand elles commençaient à vomir sans raison apparente
quand la méthode Ogino signait une fois de plus
les approximations de ses calculs

Puis le planning familial
Cette parole vraie, simple, sans tabou
sur la sexualité, le plaisir féminin
le droit au refus de la maternité
cette liberté
inimaginable durant tant de siècles
tout à coup
légèreté
libération
de la contraception facile et
de la maternité voulue

Aujourd’hui
je me surprends
à défendre les femmes
avec presque autant d’intolérance
d’insolence
que ceux qui infligent aux filles le voile
et aux femmes la burqa

Ma révolte est viscérale
elle monte des profondeurs de mon être du passé
fruit d’un combat avec lequel je me sentais en accord hier
à présent un peu dépositaire d’un engagement
un peu garante
d’un long chemin de luttes qu’il ne faut pas occulter
auxquelles il ne faudra pas renoncer
jamais
toujours et encore d’actualité

L’aliénation des filles voilées
dans les banlieues d’ici et d’ailleurs
à la Gabelle de Fréjus
à la Duchère de Lyon
dans ma petite ville du Muy
qui se soumettent pour ne pas être importunées
qui prétendent
parce qu’on les a endoctrinées
que le voile est une revendication identitaire
un choix personnel
me soulève le cœur

Parce que je sais
que derrière ce voile
qui camoufle les attributs de la féminité
sur ordre des mâles qui ont si peur
certains hommes sont là
qui imposeront la charia
usant de leurs pouvoirs
pour asservir le Féminin
Au-delà de ces dictatures
se dissimulent les mêmes perversions  « ordinaires »
d’autres humains
et les mêmes terreurs de l’homme face à la femme

Quand
dans combien d’années
les hommes seront enceints
et mettront eux aussi les enfants au monde
peut-être la peur s’estompera
et l’égalité pointera le bout de son sexe

Le drame de l’inégalité des sexes
est largement favorisé par les reproductions éducatives
dont sont complices les mères
C’est la mère
presque exclusivement
qui fabrique des garçons
machos
et des filles
candidates à la soumission
au mari qu’on choisit pour elle
fut-il aussi vieux que son grand-père

Malheur à celle qui enfreint
la loi de la virginité
et de la fidélité dans le mariage

Je tiens de ma grand-mère et de ma mère
le Sens du Féminin
la revendication d’une liberté inaliénable de la femme
Ma mère exigeait de travailler
s’est battue pour travailler
exerçait un métier d’homme
Et quand la colère montait
face à un interlocuteur indélicat à son égard
ou irrespectueux de la femme
elle s’écriait
Une seule chose nous différencie
Vous pissez debout

Bien longtemps
après avoir quitté la maison d’enfance
j’ai
par amour de la langue
étudié cette phrase
hiatus du niveau de langue
Une seule chose nous différencie
bonne tenue correcte des mots
on s’attend à une suite comparable
arrive une chute inattendue
on ne peut plus imagée
du côté du parler familier
Vous pissez debout

Ma mère ne mâche pas ses mots
elle n’a pas de temps à perdre
dans la frivolité des phrases de salon

Elle prend à peine le temps d’accoucher
se relève pour défendre La Paix dans le monde
et lutter contre toutes les guerres
Fait signer l’appel de Stockholm
Elle dit
La guerre est une ogresse à canons
qui ignore les larmes
et les voiles du deuil
Elle sait de quoi elle parle
la généralisation pudique
laisse intacte au-dedans d’elle les souffrances du passé

Pour moi
la paix
n’est pas un concept
ou si peu
C’est une réalité
défendue par les femmes
tournées vers l’intériorité
le dedans
la grotte
 la caverne
C’est là
dans ces enveloppes à demi-fermées à la lumière du dehors
que les femmes puisent leurs sensibilités
et l’intuition des choses
et l’amour

jeudi 13 octobre 2011

J'aime... J'aime... J'aime : " Des Hommes" de Laurent Mauvignier

C'est un livre magnifique! Le récit d'une histoire au présent portée par le passé, incrustée de souvenirs indélébiles. Ceux que des hommes de vingt ans- otages plus que soldats d'une guerre où la barbarie et l'absurdité se confondent avec les combats- ont ramenés de l'autre rive de la Méditerranée.
J'aime que Laurent Mauvignier nous rappelle tout au long de ces 280 pages qu'on ne comprend rien aux situations du temps présent si on ne soulève pas le voile des événements du passé.
J'aime que chaque évocation d'aujourd'hui puise ses fondements dans des scènes plus anciennes, souvent plus douloureuses, innommables, indépassables.
L'écriture de Mauvignier nous troue la peau, à chaque mot, au détour de chaque phrase heurtée, dépourvue de la moindre complaisance. Elle bouscule nos sens, combat la quiétude. En refermant le livre, on se dit qu'il sera difficile ce soir de trouver le sommeil en repensant à la guerre d'Algérie.