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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

mardi 17 avril 2012

"Voyage au pays des ZE-KA "de Julius Margolin

Contrairement à mon habitude, je ne vous dirai rien sur ce livre. Sachez seulement que ceux d'entre vous qui ne le connaissent pas, sont privés à ce jour d'une des œuvres majeures du XXème siècle. Si tel est votre cas, courez. Achetez-le, empruntez-le à un ami, à une bibliothèque, j'allais écrire : dérobez-le, mais la morale me l'interdit...
Et si vous le lisez, parlons-en. Voulez-vous?

J'aime... J'aime... J'aime : "Canal Mussolini" de Antonio Pennacchi

C'est un roman comme je les aime : fort et roboratif, grave et facétieux.
Une belle histoire de clan, de tribu, de chaînes héréditaires, traversée de soubresauts permanents, de heurts, de jalousies mesquines et parfois d'ignorance crasse.
Dès le début du récit, le narrateur, celui qui hérite du lot familial des Peruzzi - des paysans pauvres du nord de l'Italie - prend le lecteur à témoin, le met dans sa poche, l'entraîne, le contraint à devenir partie prenante. Vous me direz : c'est un procédé littéraire facile. J'en conviens. Mais il a ici, sous la plume humoristique et percutante de Pennacchi, une fonction d'amplification des événements. Interpeller le lecteur, le solliciter, le rabrouer, sert le projet d'ajouter une vision réflexive sur le propos traité. Comme si au lieu de tourner nonchalamment les pages du récit, nous étions munis d'une loupe et d'un carnet de notes pour revenir un peu plus tard sur le sujet.
Venons-en maintenant à la trame du récit : une famille de modestes métayers, poussée par la misère, séduite par des promesses d'eldorado, s'exile jusqu'au monde inhumain des Marais Pontains que Mussolini, dans son inaltérable mégalomanie, a décidé de faire assécher. Le fascisme a des ambitions grandioses d'Empire. Rien ne l'arrête, pas plus le projet de construire un paradis sur des terres inhospitalières, infestées de moustiques, où il ne pousse rien, que celui d'étendre son hégémonie sur des peuples d'Afrique à coups d'armes bactériologiques et autres raffinements technologiques.
Sur fond de misères quotidiennes, de deuils, de catastrophes prévisibles mais inévitables, de bouleversements mondiaux, Antonio Pennacchi nous raconte, avec truculence et émotion, trente années  d'errances fascistes. Et par dessus tout, la condition inhumaine de ceux qui se battent contre les nantis, qui rêvent de dignité sociale, disparaissent à la guerre, meurent de malaria.
Canal Mussolini est un livre pour ceux qui aiment l'Histoire et l'histoire des petites gens, humbles, courageux, crédules et prêts à relever la tête malgré les coups du sort.