Il est mort le jour de ses 89 ans, le 15 janvier 2013. Le nom de celui qui s'est éteint ne vous dit peut-être rien : Jean-Baptiste Pontalis. Et ce serait concevable. Pontalis n'était pas un homme de bruit, surtout médiatique. Plutôt un amoureux des silences et de la méditation.
Je n'ai croisé Pontalis qu'une seule fois. Au début des années 70, dans un couloir de la fac Paris V. Comme la plupart des aspirants de psychologie et de psychanalyse, j'admirais beaucoup son "Vocabulaire de la psychanalyse" écrit avec Jean Laplanche, Cet énorme pavé d'érudition était devenu la bible incontournable de tous ceux qui prétendaient pouvoir un jour installer les autres sur un divan freudien.
Ce jour-là, dans l'escalier de la fac, j'ai osé l'interpeller : "Monsieur Pontalis, je veux vous dire à quel point je vous suis reconnaissante d'avoir écrit cet ouvrage majeur pour nous". Il avait souri et exprimé ces quelques mots: " Bonne chance à vous !" Je n'ai jamais oublié ces paroles dites avec tant de gentillesse et de simplicité.
Peut-être cette belle sensibilité de l'âme qui se ressent dans les livres qu'il a écrits, lui venait-elle de l'enfance. De l'absence d'un père trop tôt disparu. Comme Georges Perec, dont il fut un temps le psychanalyste.
Aujourd'hui, les essais de Pontalis côtoient dans ma bibliothèque tous les livres aimés. Au hasard, je feuillette "Elles" acheté en 2007. Pontalis y cite Racine et fait sien ce vers de Phèdre : "Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre?"