Bienvenue

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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

samedi 23 février 2013

Ecriture

Comme chacun de vous, je n' ai qu'une terre natale : l'enfance, Montmartre, Pigalle.  
L'épicentre de mon écriture et de mon imaginaire. 
Mon propre univers, fait d'immersions journalières de la mémoire dans le temps du passé. 
Je suis du côté de l'écriture des racines.

lundi 18 février 2013

Toi et Vincent

C'était le temps de nos jeunes années. Une question ludique revenait souvent dans nos conversations :
Qu'emporterais-tu sur une île déserte ? Un jour, tu déclaras : J'emporterais "La nuit étoilée sur le Rhône". Le tableau que Van Gogh a peint en 1888 à Arles. Le Rhône, les berges ensommeillées, le ciel étoilé la nuit, un couple qui se hâte. Tu vis de l'étonnement sur mon visage. Oui, le Rhône comme notre vie, un fleuve immense et bleuté. Et de longs reflets dorés de tout ce que nous y aurons inscrit année après année. Tu verras, les clartés de nos engagements brilleront au fil de l'eau. Fières des valeurs que nous aurons imprimées à notre existence. Puis les lumières quitteront le courant de la vie et s'inscriront quelque part au creux d'une voûte céleste. parmi les astres minuscules et innombrables des humains qui auront servi des causes.
J'ai demandé : Il faudra donc que nous vivions longtemps pour que notre ciel soit aussi constellé que celui de Vincent ? Tu as répondu calmement : Cela va sans dire...
Je te le dis, en vérité, mon frère, les îles ne sont plus désertes. Des humains s'y sont installés pour des causes parfois indignes. Sans le Rhône de Van Gogh et sans toi. 
Toi, ta courte vie fut si intense que dans le ciel bleu de Vincent, ton étoile brille parmi les plus belles. Celle qui éclaire ma terre depuis plus d'un demi-siècle. Je lève les yeux. Je la reconnaîtrais entre toutes. A certaines heures de la nuit, au-dessus du Rhône, il me semble qu'elle me fait signe et m'interdit de pleurer.

jeudi 7 février 2013

"Est-ce un si grand malheur..."

Il est mort le jour de ses 89 ans, le 15 janvier 2013. Le nom de celui qui s'est éteint ne vous dit peut-être rien : Jean-Baptiste Pontalis. Et ce serait concevable. Pontalis n'était pas un homme de bruit, surtout médiatique. Plutôt un amoureux des silences et de la méditation.
Je n'ai croisé Pontalis qu'une seule fois. Au début des années 70, dans un couloir de la fac Paris V. Comme la plupart des aspirants de psychologie et de psychanalyse, j'admirais beaucoup son "Vocabulaire de la psychanalyse" écrit avec Jean Laplanche, Cet énorme pavé d'érudition était devenu la bible incontournable de tous ceux qui prétendaient pouvoir un jour installer les autres sur un divan freudien. 
Ce jour-là, dans l'escalier de la fac, j'ai osé l'interpeller : "Monsieur Pontalis, je veux vous dire à quel point je vous suis reconnaissante d'avoir écrit cet ouvrage majeur pour nous". Il avait souri et exprimé ces quelques mots: " Bonne chance à vous !" Je n'ai jamais oublié ces paroles dites avec tant de gentillesse et de simplicité. 
Peut-être cette belle sensibilité de l'âme qui se ressent dans les livres qu'il a écrits, lui venait-elle de l'enfance. De l'absence d'un père trop tôt disparu. Comme Georges Perec, dont il fut un temps le psychanalyste.
Aujourd'hui, les essais de Pontalis côtoient dans ma bibliothèque tous les livres aimés. Au hasard, je feuillette "Elles" acheté en 2007. Pontalis y cite Racine et fait sien ce vers de Phèdre : "Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre?"