Dans les premières pages, on se dit qu'il s'agit peut-être d'une pacotille, d'un bijou fantaisie sans valeur littéraire. Puis, au fur et à mesure que Bjarni noircit les pages destinées à la seule femme qu'il a aimée, on change peu à peu d'avis. Les phrases se transforment en brillants.
"La lettre à Helga", malgré les vicissitudes d'une existence contrariée, se révèle être un hymne à la vie, à la beauté des gestes simples, une gratitude envers la nature harmonieuse et cependant peu clémente. Les méfaits d'une civilisation mal maitrisée qui se prend les pieds dans une modernité frelatée sont dénoncés, sans amertume, sans nostalgie du passé. Bergsveinn Birgisson nous rappelle avec doigté et recul les valeurs essentielles, le bon sens et les atouts des expériences ancestrales.
"La lettre à Helga" c'est aussi le requiem de l'amour ardent, du désir fou, contrariés par le destin et la lâcheté de l'être humain face à l'inconnu.
Addiction à la souffrance (liée depuis toujours à la rudesse des conditions de vie), peur panique de réussir son existence, camouflée sous la crainte de l'échec. Interdiction intime d'être heureux, de goûter au bonheur, étouffement des habitudes et de la frustration.
Largement de quoi méditer !!!
On éprouve pour Bjarni, de l'empathie, mais aussi une once de mépris. En tournant les pages, j'avais envie de lui crier : Mais vis, nom d'une pipe ! Rejoins-la ! Ne te pose pas une tonne de questions empoisonnées qui ne te veulent que du mal ! Fonce ! Deviens ce que tu es, comme disait le philosophe. Ne passe pas à côté de ta vie ! Sais-tu combien on en a : une seule et elle est minuscule !
"La lettre à Helga", c'est aussi de délicieux joyaux de réflexion que certains d'entre nous peuvent transformer en maximes bien venues :
"C'est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu'ils deviennent tout petits."
"L'être humain peut faire de grands rêves sur de petits oreillers."
Bonne lecture à vous !