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vendredi 5 janvier 2018

Une amie a lu " Laurent Stecker "

Chère Danièle,

Comme promis je viens faire un écho à ton dernier livre. Avec la conscience que ma lecture est bien loin de rendre justice à tout ce que l’écriture t’a demandé comme créativité, souvenirs, retours sur ton expérience, cohérence pour faire naître un tel roman.
Je t’ai déjà dit combien tes premières pages m’ont accrochée. Et maintenant que j’ai tout lu, je peux te dire que je l’ai beaucoup aimé et l’ai lu d’un trait.

J’ai beaucoup aimé que tu fasses découvrir Geneviève à travers ce que son patient Laurent en entend, en perçoit. Même s’il écoute mal ce qu’elle lui dit chaque fois que ses paroles le contrarient, il cite texto ses réponses, c’est précieux. Quelle gymnastique subtile tu as dû faire entre les différents narrateurs !

J’ai été passionnée par tout ce suivi d’une relation d’aide avec quelqu’un qui n’arrête pas de transgresser les règles, je me demandais toujours comment Geneviève allait réagir aux provocations effrontées de Laurent, à ses projections continuelles, à ses demandes répétées d’une relation non professionnelle ou à son comportement buté ou agressif. J’admirais les réponses. Même si je ne t’ai jamais vu dans des situations aussi difficiles, je n’ai jamais cessé d’entendre ta voix, de voir ton sourire ou ton regard neutre. Jusqu’au bout – jusqu’à la scène du tribunal - c’est toi que je mettais à la place de Geneviève !  Excuse-moi ! J’ai pris un tel plaisir de te retrouver dans des traits de ton personnage.
As-tu eu des L.Stecker en thérapie ???

Importants aussi les deux chapitres en italiques pour entendre Geneviève déposer ses soucis avec Laurent chez un superviseur pour y voir plus clair. Cette ancienne connaissance se révèle jugeante au lieu d’aidante, révèle à la 2ème séance le panier de crabes qu’est (aussi) le monde des psy avec ses cyniques et ses corrompus.

J’étais très touchée par la solitude - immense - de Geneviève.
Comme tu vois, je me sentais beaucoup plus proche de Geneviève que de Laurent-soupe-au-lait.

De fait, elle a aidé Laurent à faire beaucoup de chemin avec une conscience professionnelle impressionnante. Mais il lui en restait trop à faire pour qu'il s'en sorte bien. A la moindre contrariété il rechute et la rupture avec Nanouche le plonge dans un délire émotionnel égocentrique où son propre point de vue est érigé en seule vérité. Dans un tel état d’esprit, tout dialogue devient un dialogue de sourds. Jusqu’au clash final avec Geneviève où il est d’une agressivité sans pareille envers elle, piétinant son identité professionnelle avec haine. Moment terrible et poignant.

En ce sens l’épisode new-yorkais m’a surprise. Comment peut-il vivre un tel intermezzo sinon en refoulant ses vrais soucis ? Jamais aucun bémol avec Ralph ? ni avec Micky ? ni avec New-York ?
Le mémo de New-York est plein d’attentions sensibles à mille choses, de descriptions dignes d’une parfait guide touristique alors que par ailleurs Laurent fait preuve d’une inculture crasse. Comment est-ce possible ?
Même sa conscience professionnelle louée par ses collègues m’interroge, comment peut-il être aux petits soins des passagers et en même temps adopter un chat sans qu’il lui vienne à l’esprit que sa compagne n’en veut peut être pas, et sans le lui demander auparavant.

La fin est tragique, mais pouvait-elle être différente ? Il est tellement plein de haine, et d’a priori qui l’autorisent à se sentir investi d’une mission de justicier pour sa jumelle. Et tout se passe comme si, cette œuvre « essentielle » accomplie, tout le reste pouvait lui être égal. Comme s'il se disait inconsciemment : je vengerai ma jumelle mais ne veux pas lui survivre.

Mais pourquoi ce nom de Stecker ? D’autant que c’est le titre du roman.
Stecker veut dire en allemand « fiche », « fiche électrique » et ça ne me renvoie à rien du tout dans le livre. Je crois que j’aurais aimé qu’il ait un patronyme qui aurait fait de lui ou l’emblème de n’importe quel quidam, ou qui aurait correspondu à son incapacité de contrôler ses émotions, ou autre chose de parlant.  Mais je me trompe sans doute, j’ai dû rater quelque chose...
Je suis parfois étonnée comme dans la réalité des personnes ont des noms qui correspondent à ce qu’ils sont, ainsi j’ai découvert récemment que Peter Wohlleben a écrit un essai : « la vie secrète des arbres, ce qu’ils ressentent et comment ils communiquent » or wohl leben est une expression allemande qui veut dire vie de bien-être ou vie heureuse.  Intéressant, non ?

Chère Danièle, ton livre est formidablement vivant, extraordinairement humain.
La confrontation entre quelqu’un comme Laurent et quelqu’un comme Geneviève va pour moi plus loin qu’une histoire de thérapie, ce sont deux structures de personnalités, deux modes de pensée et d’être au monde qui s’éclairent mutuellement par  mille détails.
Vraiment j’ai été très touchée.

Je t’embrasse et te souhaite de belles fêtes de fin d’année
E.



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