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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

mardi 12 mars 2019

Bérénice

" Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence, et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? "

samedi 9 mars 2019

Deuil


La mort de Dédé

Longtemps j’ai pensé qu’il serait bon pour nous que tu vives handicapé. Je t'imaginais sur un fauteuil roulant, privé de tes membres inférieurs, coupé en deux, mais vivant.
Tu nous aurais encore parlé, nous t’aurions habillé, nourri, lavé, embrassé, coiffé.
Longtemps, j’ai pensé qu’il serait bon d’être croyant, de s’inventer un ciel, de croire que le jour de leur mort, ceux qui se sont aimés sur terre, se retrouvent dans un éden sans aucun des nuages qui assombrissent la vie, épargnés par le temps puisque l’éternité du bonheur est assurée.

Ta mort m’a dépecée, comme dans Le marchand de Venise. La peau de ma chair a disparu et cette chair à vif, sans aucune protection a subi jour après jour les ravages du temps. Une moitié de moi est morte, nécrosée, enfoncée dans ton cercueil, perdue.  L’autre a survécu, pour élever mes enfants, travailler, avoir des amants, écouté Lenny Escudéro, aimé ma famille.

Un jour tu es rentré de l’école. Le maître avait commis je ne sais plus quelle injustice. Tu as dit : « Papa, je me suis levé pour tenir tête à mon instituteur. J’ai senti derrière moi le poids des masses populaires. Les autres, malgré le silence que leur imposait la peur, me soutenaient. ». Tu avais 9/10 ans, l’âge où tu nous faisais encore rire et pleurer.

 Un rêve : J.P arrive en courant.  Il affirme que tu n’es pas mort dans un accident de voiture. Ils (je ne sais pas de qui il s’agit), avec toi,  ont dérapé sur le verglas. La voiture est hors d’état. Inutilisable. C’est une catastrophe. Mais les occupants sont indemnes. Tu vis !

Ironie des mots. On dit volontiers : Ta mort vit en moi.  Alliance de vie et de mort, indéchiffrable.
« Une mort non sue n’est pas une mort véritable ». Ph.Forest.
Il paraît que les morts veillent sur les vivants…

Faire son deuil, travail de deuil, des mots qui n’ont aucun sens avec ta mort.

La corrosion immonde de mes souvenirs de toi vient à bout de ma mémoire.
Ta mort, avec le temps, m’a plongée progressivement dans cette expérience improbable, insensée, d’être ta mère. J’ai porté peu à peu sur mes souvenirs de toi un horizon maternel. De fraternelle, ma place auprès de toi est devenue celle d’une mère. Tu es mort à vingt ans. Je pourrais aujourd’hui être largement ta grand-mère.
Parfois, je t’imagine vivant aujourd’hui. Tu aurais quatre-vingts ans. En janvier. Les cheveux plus rares, totalement blancs, des rides horizontales au front, des poches larges sous les yeux, des dents de façade, peut-être déjà une démarche voûtée. Je te donnerais le bras. Nous serions vieux depuis pas mal d’années, ce qui n’aurait aucune importance. Puisque nous aurions traversé ensemble, les yeux ouverts, tant de postures du vivant.
Mais tu m’as abandonnée à la vie. De ta jeunesse et de la mienne, ta mort a compliqué l’expérience cruciale de l’existence.

lundi 11 février 2019

Etre et avoir

Il est jeune, 
il est beau, 
il est riche, 
il est intelligent, 
il est instruit,
 il est heureux dans sa vie personnelle, 
il a des convictions et des valeurs, 
il prône le sens de l'effort, 
il parle bien, 
il fait ce qu'il dit et dit ce qu'il fait, 
il connaît ses dossiers...
alors, forcément dans le fond du fond de tous les ignares, les paresseux, les frustrés,
se mêlent la rage, l'envie, la jalousie, la haine.
Je vous le dis : on peut peu face à ces tares humaines.