J’ai lu « Dans les plis du chagrin ». Tu écris cette longue
et bouleversante lettre à l’absent.
L’écriture permet de mettre des mots sur ce qui, sans eux,
nous submerge et nous engloutit.
J’ai aimé que tu écrives à celui à qui tu as passé ta
vie à parler par-delà son irrémédiable absence. C’est fort et
formidablement vivant. Dans les plis du chagrin, il y a foule
d’heureuses réminiscences. J’ai aimé que tu évoques ta vie, vos
vies, à travers des souvenirs à fleur de peau, à fleur de cœur,
comme ton tailleur bleu-pétrole ou le lessivage de la cuisine
pour la fête des mères...et plein d’autres.
J’ai aimé que tu donnes les raisons de ta lettre à ton
frère qui n’est plus : afin de "reconstituer le parcours de
[vos] vies après [son] décès" et aussi parce que tu voulais le
faire "figurer en bonne place dans la mémoire des vivants".
Lettre à ton frère et à tous ceux qui l’ont connu ... et à ceux
qui te connaissent.
J’ai l’impression de te comprendre mieux, toi et ton
histoire, à travers ce récit poignant. Grâce à lui, j’imagine ce
que ton père a dû vivre lorsqu’il a compris que le lieu dans
lequel il a placé toute sa confiance pour créer plus d’équité et
d’humanité dans le monde, que ce lieu est sans scrupules et le
met à la porte quand il est en difficulté et qu’il a toutes les
peines du monde à assumer son quotidien. Grâce à ton récit je
touche aux arcanes de ta nature passionnée et affective, moi qui
ai beaucoup connu ton côté pondéré et ton humour qui mettent
toujours les choses à la bonne distance.
Moi qui était fille unique, je suis déconcertée par cet
amour infini que tu portes à ce frère et que je croyais réservé
à l’amant ou à l’enfant qu’on a mis au monde. André m’apparaît
comme un héros extraordinaire, idéal, « angélique » dis-tu,
plein de grandes promesses et de mystères et que tout le monde
adore...Et qui, disparu, ne peut plus décevoir (tout comme ce
que représentait mon père pour moi !).
Je pourrais parler encore longuement de ton beau livre mais
j’aimerais que mon courriel te rejoigne. Juste encore un dernier
mot :
En t’adressant à ton frère, tu le fais exister au présent
pour tes lecteurs (les membres de ta famille ont-ils lu ?),
absence-présence selon la formule que j’aime tant : « je sais
bien que... mais quand même... », « je sais bien qu’il est
absent mais quand-même il est toujours présent... » E. 67
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