Elle a dit à son amie : "J'ai déjà oublié sa voix". C'est faux. Elle a menti. Mais y croire un instant aide peut-être à guérir. Cette voix et le rire - surtout le rire - sont en elle. Ils s'estomperont avec le temps. Elle le sait. Avec le temps, chantait Ferré...
Elle a promis à son amie, et elle l'a fait. D'abord, sur l'Iphone, supprimer le contact, les textos, les photos. Sur l'ordi, effacer l'adresse mail, le dossier Lui, dans lequel elle avait rangé chaque matin les textes ardents du jour et de la nuit. Et puis le plus difficile : jeter au feu les mots, toutes les phrases échangées, celles qu'on écrit dans l'urgence des heures de l'absence, les mots qui ne comblent pas, qui ne servent qu'à traduire la souffrance de l'intolérable abandon.
Oui, elle a tout brûlé.
Un jour, comme une promesse à elle-même, elle écrira un roman : L'homme du palace ou La rencontre, ou La douleur. Mais le titre est déjà pris par Duras. La douleur, un film qu'on a tiré du roman, qu'elle a vu à Paris, un jour d'exquise souffrance d'être si loin de lui. L'homme du palace, elle retient ce titre pour plus tard. Un jour, elle écrira l'histoire d'un analphabète de l'Amour. Quand elle sera guérie, il restera la nostalgie et l'écriture. Parce qu'on guérit toujours des blessures de la vie passée.
Un bien joli texte sur les figures de l'oubli. Comme l'Odyssée d'Ulysse qui les rencontre toutes pendant son voyage de retour à Ithaque qui dura dix ans (je dois à Luc Ferry cette interprétation, qui n'est sans doute pas nouvelle).
RépondreSupprimerJe ne suis et ne serai jamais Pénélope. N'attendrai jamais Ulysse, qui n'est qu'un égocentrique comme le fut L'homme du palace.
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