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Communiquer avec vous, à partir des thèmes qui m'intéressent, et pour lesquels je souhaite vos réactions : l'actualité, les livres, les films, les musiques, et bien sûr les différents sujets auxquels la vie nous confronte.

mercredi 17 avril 2013

La vie, c’est…



La vie est un match de boxe. On monte sur le ring malgré nous. On n’avait pourtant rien demandé. Pour nous pousser au combat, nos managers prétendent qu’on sera champion du monde toutes catégories, peut-être poids plume ou poids lourds, c’est égal, la victoire est à une portée de pas.
         Le combat, les adversaires, les estrades, les podiums, les arbitres : on les découvre à chaque rencontre. Ils changent souvent.
         On nous talque les mains, on les enveloppe dans des bandelettes serrées, soi-disant pour les protéger des mauvais coups. "Avec ces gros gants de cuir, tu verras petit, tu ne seras pas le dernier à cogner ! ". On y croit. Préventivement on montre les poings.
         On prend des coups, on en rend. On en reprend. C’est encore un jeu. Quand ils pleuvent, on grimace. "Même pas mal ! " Comme quand on était gosse. Vlan! Dans la mâchoire ! Vlan ! On ne s’y attendait pas. On a beau avoir la bouche tuméfiée, on n’a pas dit le dernier mot ! Et puis on met des protège-dents, on ne sait jamais, si ça recommence… Et ça recommence. Vlan ! On se croit malin dans l’art de l’esquive, dans les jeux de jambes de danseuse. On sautille, on se croit plus léger que l’autre en face, ce sournois qui cherche à nous atteindre, là où la peau et les organes sont les plus faibles. On cherche le sien de point faible, histoire de lui mettre la raclée, parce que ça suffit maintenant, on veut bien être gentil, rigoler un peu, faudrait pas dépasser les limites tout de même ! L’autre ne comprend rien, il est coriace, le bougre, pour qui se prend-il ? Voilà maintenant qu’il swingue et swingue autour de nous, histoire de nous étourdir, de nous faire perdre le contrôle. On se reprend, on lui montre la garde, on lui file un uppercut. Il a de la chance : le gong a sonné. Le soigneur est content. On a droit à l’aspersion, au massage, aux encouragements.
         Quand le match reprend, on est confiant. L’arbitre est de notre côté : ces choses-là se sentent ! On a même le public avec soi, qui braille : " Vas-y, petit, mets-lui la pâtée, qu’on en finisse avec ce chacal !" Il gueule le public, qu’on est le meilleur, le plus grand de tous les temps… Il nous jette des œillets rouges. Qui tombent en pluie à nos pieds. L’autre profite d’une seconde d’orgueil de coq, avec son crochet du gauche. Vlan ! Le salaud ! On est sonné, on voit des étoiles noires sur fond de rétine, pendant que le nez pisse le sang. Pour la première fois. Mais pas la dernière. Vaciller d’accord, chavirer peut-être, un genou à terre, passe encore, mais surtout ne pas tomber au sol. Ils l’ont dit les managers : " Tu ne pourras pas te relever."
C’est arrivé quand ? On ne sait plus. On n’y est pour rien.  A cause d’un mauvais coup encore une fois ?  L’arbitre, cet enfoiré, a retourné sa veste. Il compte : "1..2..3..4..5." On se remet debout, ça tourne, et les autres là-bas qui hurlent : " Mauviette, sac d’os, au vestiaire ! " Ils nous jettent leurs billets d’entrée, les journaux sportifs, les paquets vides de Smarties.
L’autre, là, il est aux anges. On s’approche de lui, pas pour faire la paix, non, pour éviter son direct du gauche, pour s’accrocher à lui,  reprendre son souffle. Il s’en fout, l’autre, d’être enlacé. Il cogne encore, dans les côtes, au foie, surtout au foie.  Dans ce corps à corps, personne ne sait plus à qui appartient la sueur méphitique. Pas d’importance. Il cogne. Ce qu’il veut, il l’obtient : on s’effondre dans les cordes. Le public hystérique a choisi son vainqueur, tandis que l’arbitre compte : "8..9..10 !" Au sol, la face défigurée contre le tapis, on entend la cloche et l’arbitre de chaise, au micro là-bas, qui proclame la victoire par KO de….  : "Nouveau tenant du titre : … " Le manager, fou de rage, jette l’éponge et vocifère.
Quelle importance, ce qu’il raconte, ça fait déjà un bon moment que l’hémorragie interne a eu raison de la vie.

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