C’était en juillet.
Avant le départ de Simon
et Raoul.
La butte Montmartre toute
entière était livrée aux jeux des garnements.
Les adultes, trop occupés
à travailler et à ramener du marché Lepic de quoi survivre, délivraient aux
enfants, avant de les lâcher, mises en garde et recommandations.
Au fond du square des
Abbesses, l’exploration interdite des carrières donnait la chair de poule. Le
labyrinthe obscur et humide familiarisait avec le frisson de la peur. On aurait
pu y faire de mauvaises rencontres.
Dans les jardins du
Sacré-Cœur, l’eau glacée du bassin s’aventurait jusqu’aux cuisses. Entre soi,
il était admis de s’asperger, mais pas de se pousser dans l’eau. Les garçons
passaient outre, poursuivaient les gamines, chahutaient leurs corps, ne
ménageaient pas les croche-pieds. La jubilation de la supériorité physique
s’affichait sur leurs visages.
Trempées jusqu’aux os,
les filles s’enfuyaient vers les pelouses, poussant des petits cris de feinte indignation.
C’était bien en juillet.
Avant le départ de Simon
et Raoul.
Avant les autobus du Vel
d’Hiv.
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