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lundi 5 décembre 2016

Diable d'homme



Le monologue  Diable d’homme  qui suit, s’inspire du tableau peint par un ami et non moins artiste : Jean-Luc G.

Pour l’écrire, je me suis souvenue d’une structure littéraire : le monologue théâtral, utilisé par Jean Cocteau dans La voix humaine, une pièce en un acte pour un seul personnage. Pièce dans laquelle Simone Signoret s’était montrée bouleversante. Sur la scène, une femme désemparée téléphone. D’un bout à l’autre de la pièce, on n’entend que sa voix et la douleur déchirante d’une rupture amoureuse avec l’homme aimé.

Voici le texte que le tableau de Jean-Luc m’a inspiré :
Un homme, dans un commissariat, est interrogé. Vous n’entendrez que lui. Il faut donc imaginer les réparties de ceux qui le « cuisinent » pour le faire avouer ce dont il est accusé. Le rôle des protagonistes est secondaire. Ce qui compte, c’est le cheminement mental et émotionnel de cet homme qui parle, se défend, raconte.


Diable d’homme !

La scène se passe dans un local sans fenêtre, au commissariat des Batignolles. Au plafond, un ventilateur grince et brasse de l’air tiède. Trois policiers debout interrogent un homme d’environ 45/48 ans, large d’épaule, assis sur une chaise en bois inconfortable. Ses mains sont menottées derrière le dos, coincées par les barreaux de la chaise. Ses chaussures n’ont plus de lacets. Sur sa joue droite, un hématome.
Cheveux décoiffés, mal rasé, yeux cernés, chemise froissée. Depuis des heures, il s’agite. Il paraît au bout du rouleau.
Au cours de la scène qui va suivre, on n’entend que sa voix et ses répliques.

- Je vous répète que ce n’est pas moi. Je n’ai rien à voir avec ce qui s’est passé.
-……
- Combien de temps vous allez encore me cuisiner ? Je suis innocent. Innocent, je vous dis.
-……
- Moi ? Mais je ne ferais même pas de mal à un moustique. Même l’été, dans la cuisine, je n’arrive pas à les tuer… Alors vous en avez de bonnes, me faire avouer ce que je n’ai pas fait !
-…….
- C’est dans votre tête, pas dans la mienne. Ah ! Vous êtes bien tous pareils, vous les flics, vous seriez capables de coffrer votre père et votre mère !
- …….
- Ne recommencez jamais ça, vous m’entendez ? Jamais !… Et d’abord où est mon avocat ? Non, ne m’essuyez pas la bouche, on lui montrera vos charmantes méthodes de frappe… Quoi encore ? Que je raconte quoi ? Ça ne lui a pas suffi au mec derrière vous qui tape sur sa machine à écrire comme un malade depuis des heures ? Vous n’avez qu’à relire. Tout y est.
- …….
- Que je recommence à parler de la soirée ?... D’accord, mais c’est la dernière fois, la der des ders, compris ? Pourquoi que vous ne courez pas après les dealers de la porte de Clichy au lieu de tabasser des innocents ?
-…….
- Et vous aussi, ne me parlez pas sur ce ton… Bon, ça va, je reprends à zéro… Mais, bon sang, donnez-moi un verre d’eau. J’ai la langue collée au palais et ma tête, ma pauvre tête qui ne sait plus où elle en est.
-…….
- Non, je ne fais pas le mariole et je ne cherche pas à gagner du temps. Allez, on y va… Mais je vous ai prévenus, c’est la dernière fois !... Avec ma femme, on s’est rendus chez les Lérissac, vendredi soir, à Puteaux. Des gens bégueules qui nous invitent deux ou trois fois par an, qui sont bourrés de fric et de principes. Pour être reçu chez eux, faut se mettre sur son trente et un. À chaque fois, ils cherchent à nous en mettre plein la vue avec leurs soirées mondaines : personnel de service en livrée, repas commandés chez les meilleurs traiteurs de Paris et le champagne qui…. (à suivre)

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