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samedi 18 mai 2013

Ecriture

"Mon roman n'obéit à aucun plan et je dois écrire pour découvrir ce que je fais... Je ne sais pas ce que je pense jusqu'à ce que je voie ce que j'ai dit..."
Ainsi s'exprimait Flannery O Connor dans sa correspondance à propos de l'écriture. 
Personnellement, dans mes romans, je sais assez vaguement à l'avance ce que je veux écrire. J'ai des lieux dans la tête et j'en fais une liste comme pour un voyage. J'ai une idée floue des personnages secondaires et serais bien incapable de dire pourquoi ce sont eux en premier auxquels je songe. Je sais qu'ils se préciseront peu à peu et que leur identité apparaîtra. L'identité, c'est moins leur aspect physique (qui viendra plus tard) que leurs mœurs : ce qu'ils nourrissent comme valeurs, leurs centres d'intérêt, le métier qu'ils font, la famille dont ils sont entourés. Parfois, je leur ajoute des marqueurs : un tic, une habitude fâcheuse ou non, un animal de compagnie qui va compter dans le récit...
Au départ, les personnages principaux sont très peu nombreux : un ou deux. Je plante pour eux un décor, une situation, un dialogue. Ils me conduisent ensuite là où ils veulent aller. Ce sont eux qui me surprennent, m'intriguent, et non l'inverse. Ils sont les maîtres du Temps. Dans leur évolution, je veille à ne pas me laisser déborder, mais ils me donnent la main et me tirent dans le récit. 

Le contexte se doit d'être réaliste. C'est pourquoi je veille à deux questions :
  • - Dans les récits historiques, je rassemble une imposante documentation, dont je n'utilise que le dixième, voire moins. Qu'importe. Elle fonctionne comme toile de fond, décor de la pièce.
  • - Le corps des personnages, ses attitudes, ses mouvements, sont essentiels à montrer. Le récit fonctionne comme une caméra qui scrute le moindre geste, la manière de respirer, de contracter le visage dans une émotion. Il faut bannir des expressions du genre : Elle en fut émue ou encore Cette réplique le mit en colère. Elles ne renseignent pas le lecteur. Elles restent d'une grande platitude. Ce qu'attend le lecteur, c'est de lire ce que le corps fait de cette émotion, de cette colère.
L'auteur n'explique pas le personnage et le discours psychologique n'a pas sa place. Il doit montrer le personnage dans toute sa dimension vivante et l'imagination du lecteur construit ses propres images. En écrivant cette dernière phrase, je veux rendre hommage à Flannery O Connor,qui, pas une fois à ma connaissance ne fait autre chose. Ses récits s'apparentent à des films qui nous prennent à la gorge. Lisez dans le recueil de nouvelles celle qui s'intitule Braves gens de la campagne. Vous en aurez le frisson... Bonne lecture à vous !    

2 commentaires:

  1. Ecrire un roman comme un script de film ? Ce n'est pas nouveau, mais cela change de ce que l'on apprend, ou apprenait, au lycée.

    Ecrire, n'est-ce pas aussi, si je comprend bien, une forme de thérapie, une manière d'apprendre à mieux se connaitre ?

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    1. Merci, Michel de votre prompte réaction. En quelque sorte, oui, le roman est un script de film.L'auteur de roman doit se placer dans la peau de chaque personnage pour accéder à sa vérité. Quand j'écris un récit et qu'un personnage intervient, je me coule en lui et tente de penser, sentir, agir, évoluer comme lui. C'est seulement à ce prix que le personnage gagnera sa substance, sa crédibilité auprès du lecteur. Vous est-il arrivé comme moi, dans un roman, de ressentir un malaise et de vous dire : "Non, là où j'en suis de ma compréhension du personnage, il ne peut pas réagir de cette façon... Ou alors j'ai mal lu !"
      Je ne sais pas si écrire est une forme de thérapie. Il faudrait poser la question aux écrivains que nous aimons et qui, de roman en roman, creuse le sillon de leur histoire personnelle. En vous répondant cela, je pense à un écrivain que j'aime beaucoup: Patrick Modiano.Ses romans l'ont-ils aidé à guérir de son passé? Il semble que oui, puisqu'il écrit: "Les photos mêmes de mes parents sont devenues des photos de personnages imaginaires." Cette simple phrase montre la capacité de l'écriture à favoriser la mise à distance de la souffrance. j'écris actuellement sur le deuil.Plus avancée dans l'écriture, je vous dirai ce qui l'en est de la mise à distance.

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